« Maître » ? « Confrère » ?Dès votre prestation de serment, vous êtes baptisé « Maître » et vous entrez dans le monde des « confrères ». Petit rappel de qui s’appelle comment.
Lorsque quelqu’un qui n’est pas avocat s’adresse à un avocat, le principe est qu’il l’appelle « Maître ». Ce titre est beaucoup plus fréquemment utilisé dans le milieu judiciaire qu’en matière de conseil. Dans les relations avec les clients, bien qu’on commence en principe par « Maître », il arrive fréquemment que les relations se familiarisent et qu’on utilise les prénoms. Par contre, au Tribunal, le « Maître » est omniprésent.
Lorsqu’un avocat s’adresse à quelqu’un qui n’est pas avocat, il l’appelle… comme tout le monde, « Monsieur / Madame ».
Lorsqu’un avocat s’adresse à un huissier ou un notaire, il l’appelle « Maître ».
Lorsqu’un avocat s’adresse à un autre avocat, il l’appelle « Mon cher confrère » ou « Cher confrère » (pour un confrère qu’on ne connaît pas ou qu’on apprécie modérément), et signe « votre bien dévoué(e) ». La formule complète est « Je vous prie de me croire votre bien dévoué(e) ».
Evidemment, à un certain niveau de familiarité, on utilise le prénom.
Lorsqu’un avocat s’adresse à un magistrat, il l’appelle « Monsieur le Président » (sauf exceptions propres à la juridiction).
Comme dans de nombreux autres secteurs, la question de la féminisation des termes traditionnellement employés se pose. Faut-il s’adresser à une femme exerçant le métier d’avocat comme « consœur » et l’appeler « avocate » ?
Il n’existe pas de réponse absolue à cette question, j’ai entendu de nombreux avis :
- Certains considèrent tout simplement qu’un homme est un « confrère » et une femme est une « consœur ».
- Certains considèrent que dans les communications quelque peu officielles on s’adresse non pas à la personne de l’avocat mais à sa fonction, il faudrait alors dire « confrère » indifféremment de la personne.
- Certains considèrent que le groupe des avocats étant constitué d’hommes et de femmes, ce groupe est une « confrérie », et ses membres sont tous des « confrères », quel que soit leur sexe.
- Certains considèrent que la relation entre deux avocats est une relation entre deux « confrères » si au moins l’un des deux est un homme, il faudrait donc dire « confrère » si un homme s’adresse à une femme, mais si une femme s’adresse à une femme leur relation est alors une relation entre « consœurs ».
L’importance attachée à cette question varie considérablement d’une personne à l’autre.
En ce qui me concerne, je suis assez peu sensible à cette question, donc je m’adapte aisément à mon interlocuteur. J’ai tendance à penser que je m’adresse à la fonction de la personne plutôt qu’à elle en particulier, je commence donc généralement mes correspondances par « Mon cher confrère », quelle que soit la personne à qui je m’adresse. Par contre, lorsqu’une consœur m’appelle « consœur », j’essaye de m’aligner sur sa pratique.
La même question se pose pour « avocat » ou « avocate ». A mon sens, cela dépend du contexte : lorsqu’il est fait référence à la personne dans l’exercice de ses fonctions, je préfère le terme « avocat » (dans les actes de procédure, en signature d’une correspondance, sur la carte professionnelle, etc). Par contre, si j’évoque mon métier dans le cadre de ma vie personnelle, je dis que je suis « avocate ». Pareil, si je raconte la discussion que j’ai eue, de façon informelle, avec une autre avocate, je dirais « la consœur m’a dit que… ».
Idem pour les magistrats : faut-il dire « Madame la Présidente » ? « Madame le Président » ? Le débat est ouvert.
Je vous invite donc à vous faire votre propre opinion sur cette question, et à respecter au mieux les préférences de celles et ceux qui y sont sensibles.